ROIS BALENG

Depuis des générations, 21 Rois valeureux se sont succédés sur le trône du village Baleng, chacun portant avec fierté la force et la sagesse de notre peuple. Héritiers d’une tradition ancestrale, ils ont protégé, uni et élevé leur communauté, bâtissant un héritage inestimable. À travers les âges, leur courage et leur vision éclairée continuent d’inspirer les fils et filles de Baleng, perpétuant ainsi la grandeur et la richesse de notre histoire.

Fils de Fo Nembwet Menengu, sa mère, Mafo Wetfan, était issue du peuple Fussep. Il accéda au trône après le règne éphémère de trois de ses frères. Déjà adulte et mûr, ayant évolué dans les cercles de l'administration coloniale, il apporta une nouvelle dynamique à la gouvernance du peuple Baleng.

S'inspirant de ses ancêtres, il renforça l’influence du royaume en jouant un rôle de médiateur entre les peuples voisins ainsi qu’entre les colons et les communautés des Grassfields. Cette stature de pacificateur lui valut d’être nommé percepteur des taxes des autres communautés de la région de l'Ouest.

Son règne attira l’attention des Occidentaux, qui mirent à sa disposition un générateur électrique, permettant d’éclairer le palais et d’alimenter son moulin à écraser le couscous et à égrainer le café.

Tout au long de son règne d’environ 60ans, il apaisa de nombreux conflits, notamment ceux liés à la succession au trône dans diverses communautés. Il facilita même l’intégration de certaines familles en les installant sur les terres Baleng et en les assimilant à son peuple.

En 1950, son fils Nembwet Thomas lui présenta son propre fils, selon la coutume des Grassfields. En prenant l’enfant dans ses bras, le roi fut envahi d’une intense lumière et d’une vibration puissante. Saisi par cette révélation, il déclara devant son état-major :

« Regardez jusqu'où s’étend la lumière de notre peuple. »

Il confia alors l’enfant aux divinités et lui donna le nom de"Tela", signifiant "Transition", avant d’ordonner qu’il soit éloigné pour préserver son destin.

Deux ans plus tard, conformément aux traditions Baleng, il s’éteignit. Après les rituels funéraires, son fils Nembwet Thomas accéda au trône en 1952.

Fo Nembwet Mama : Un Règne de Transition et de Vision

Fo Nembwet Mama, 19eme souverain de la dynastie des Fo Baleng, régna durant une période marquée par de profondes émotions et des turbulences, notamment l’éclatement de la guerre du Marquis. Son règne, bien que relativement court avec ses 18 années, laissa une empreinte indélébile dans l’histoire du peuple Baleng.

Ancien militaire de l’armée camerounaise, Fo Nembwet Mama mit à profit son expérience pour instaurer une rigueur sans précédent dans le travail de la terre. Sous son impulsion, de nombreux Baleng purent acquérir de vastes hectares de terres cultivables, aujourd’hui encore sources de fierté pour plusieurs familles. Visionnaire, il encouragea également la promotion et la valorisation du riche patrimoine traditionnel Baleng.

Conscient des tensions internes et des influences extérieures menaçant la stabilité de son peuple, Fo Nembwet Mama fonda la société secrète Pu'ntin, placée sous l’ombre protectrice du Ta Wouolah to'Bem. Ce regroupement ésotérique, gardien des traditions et des secrets d’État, avait pour but d’affermir l’autorité du roi et de renforcer l’autonomie du peuple Baleng, même au-delà de ses frontières naturelles.

À sa disparition en 1970, une période de neuf semaines de rituels funéraires enveloppa le peuple Baleng dans une atmosphère de recueillement et de transition. Durant cette période sacrée, l’homme de la Transition fut conduit au La'a Kam, où il reçut une initiation spirituelle par les grands maîtres.

Puis, un matin, les doubles gongs et les tambours retentirent, annonçant un grand rassemblement sur l’esplanade du Palais Royal de Baleng. Le peuple Baleng et les villages voisins accoururent en masse pour accueillir la lumière annoncée par Fo Nkamdem Wetfan. C’est ainsi que fut intronisé le nouveau souverain, porteur de la transition : Fo Tela Ntsengi.

Ce monarque, véritable incarnation de la transition, a accédé au trône dans un contexte particulièrement difficile. Son jeune âge contrastait fortement avec l’expérience des dignitaires octogénaires qui formaient son entourage. Pourtant, après quelques années d’apprentissage et d’adaptation, il parvint à reprendre la main avec maîtrise, guidant son peuple avec sagesse et discernement.

Au cœur de son règne, il sut insuffler à la jeunesse Baleng des valeurs essentielles :
Le dépassement de soi, pour bâtir un avenir meilleur.
La quête du bien-être, afin d’élever le niveau de vie de son peuple.
Le développement durable, pour assurer une prospérité à long terme.

Tout au long de son règne, il imposa son autorité en tant que véritable gardien des traditions, régnant sans partage sur son territoire. Il se positionna comme l’unique détenteur du pouvoir, légitimé par les Divinités ancestrales.

Son prestige dépassa les frontières du royaume, au point que ses pairs le désignèrent comme le FO des FO, un titre témoignant de son influence suprême.

FO TELA A CRÉÉ LA SOCIÉTÉ SÉCRÈTE MENGNIE FÔ, Ceci pour manifester sa grande vision qui sera de contrôler et sécuriser tout le territoire que lui avait confié les Divinités de Baleng.

Conscient du rôle que lui avaient confié ces Divinités, il ne cessa de rappeler à son peuple que son règne était une étape vers une destinée plus grande. Sa mission était de préparer un successeur capable de conduire le peuple Baleng vers son hégémonie, jusqu’aux confins du monde, afin de reconquérir la place qui lui était destinée.

L’un de ses dictons les plus marquants demeure : « Même si ce sera le dernier wagon qui reste, accrochez-vous solidement dessus et rassurez-vous d’être arrivés à bon port, car au retour, vous serez en tête, sachant que le train ne tourne jamais. »

Un Crépuscule Marquant et un Signe Divin

Puis vint le mois d’octobre 2012, une période où le monde sembla basculer dans l’obscurité. Son départ, imprévisible et bouleversant, laissa son peuple orphelin après 42 années de règne éclairé.

Pendant trois mois, les lamentations, rituels et conclaves des Grands Maîtres Spirituels rythmaient la vie du royaume. Puis, un après-midi, devant une foule immense, les Divinités manifestèrent leur volonté : une fumée blanche, imposante et bouleversante, s’éleva dans le ciel, marquant un temps d’arrêt. L’heure était venue de connaître l’élu, celui qui allait guider le peuple Baleng vers sa reconquête historique.

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